Le textile

24/02/2015 19:10

 

   La mode désigne la manière de se vêtir, conformément au goût d'une époque dans une région donnée, elle est directement rattachée au design textile, l’activité d’imaginer et concevoir un tissu dans sa totalité, de la matière, au motif, en passant par la couleur etc. Etant confronté à la mode au quotidien, il est cependant difficile de classer cette discipline dans les arts, la science, ou de l’en éloigner totalement. A en juger par l’audace et l’expression des designers de mode, ainsi que leur recherche d’une esthétique,  le terme d’art serait approprié, mais la précision mathématique des coupes, la maîtrise des matériaux et les innovations techniques relèveraient plutôt du domaine des sciences.

 Iris Van Herpen

Une plus grande liberté permise par la science

   Si l’invention de la machine à coudre en 1830 a créé une réelle révolution dans le monde de la mode, amenant avec elle des possibilités jamais imaginées jusqu’alors, c’est surtout l’invention de nouvelles matières à partir du 20ème siècle qui mènera au type de silhouette auxquelles nous sommes confrontés de nos jours. Parmi les nombreuses innovations, les plus marquantes ont sans doute été celle du nylon en 1940 (plus particulièrement les bas en nylon, très résistants en comparaison avec ceux en soie utilisés auparavant), puis celle du lycra en 1959 (matière très étirable donc souple et maniable), ou encore le cuir élastique en 1998.

   La technologie prend donc une place de plus importante dans la couture, et permet ensuite la naissance de nouvelles utilités aux vêtements. En 2003 par exemple, la styliste Elisabeth de Senneville a développé un vêtement « doublé de fil d’argent pour dévier les ondes magnétiques des téléphones portables, des cristaux liquides posés sur le col et les manches, qui, via des fibres optiques, emmagasinent la lumière du jour pour la restituer la nuit ». Elle combine ici la santé de son client en le protégeant d’ondes potentiellement cancérigènes ainsi que l’esthétique spectaculaire d’un vêtement phosphorescent. Le côté pratique du vêtement est de plus en plus exploité, la technologie Heattech a notamment connu un immense succès en commercialisant des vêtements conservant la chaleur corporelle.

   De plus en plus innovants, les stylistes travaillent avec des ingénieurs, ainsi que des chercheurs pour explorer le plus grand nombre de possibilités. C’est le cas de la créatrice néerlandaise Iris Van Herpen, qui, avec l’aide de scientifiques, crée des vêtements dans des matières jamais vues auparavant, qui s’apparentent par exemple à de l’eau.

 Iris Van Herpen

Une liberté limitée

   Bien que pouvant être considérée comme un art, pouvant également être considérée comme une science, la mode connait les limites de la science, qui empêche son expression complète en tant qu’art. Elle a de tous temps joué sur la modification des silhouettes permise par le vêtement : on peut citer le corset qui affinait la taille, la crinoline qui donnait de l’ampleur aux jupons et donc au bas de la silhouette, ou encore, plus communes aujourd’hui, les chaussures à talons. On constate ainsi la naissance d’une illusion, d’une transformation des silhouettes et de la morphologie par l’habillement. Cette quête de perfection qui est de plus en plus mise en évidence est aidée par la science, de par la création de matériaux ou de formes toujours plus discrets et efficaces. Mais c’est ici qu’apparaissent les contraintes morphologiques : bien que pouvant créer l’illusion d’un changement de silhouette, le vêtement ne peut pas aller contre la nature même du corps, et ne peut pas réellement le modifier. Ainsi, même si des chaussures à talons peuvent donner l’illusion d’une taille plus importante, ou si un corset donne l’impression d’une taille plus fine, une limite est présente. L’imagination du créateur est donc freinée par la possibilité de réellement réaliser une idée. De même, il existe de nombreuses contraintes matérielles, propres à chaque textile, ou tout autre matériau utilisé. Les caractéristiques de chacun sont à prendre en compte, aussi bien la résistance d’un tissu que son imperméabilité, sa texture, son adhérence à un autre, etc. Des normes ont également été mises en place concernant la toxicité de certains produits tels que les produits chimiques utilisés pour teindre ou fixer la couleur sur les tissus, ou encore des produits protégeant les vêtements de toutes sortes de bactéries. Le respect de ces réglementations est indispensable pour préserver la santé des futurs porteurs des vêtements concernés. Cette discipline peut donc être considérée comme étant plus terre-à-terre que les arts dits « bruts », se rapprochant de cette manière d’une science. Elle est d’ailleurs appelée « Science artistique » par certains.

 Daan Roosegarde

 

   Le domaine du textile ou de la mode est donc à la frontière entre celui des arts et celui des sciences. L’influence artistique n’est pas négligeable, mais la participation des sciences est cependant tout aussi remarquable, et s’affirme avec le temps. Une excellente connaissance technique est nécessaire, surtout pour pouvoir innover et se démarquer dans ce milieu, et des contraintes pratiques sont présentes. La mode subit et a subit les influences de l’art et de la science d’une manière variable au cours du temps et selon les pays : l’attachement à l’esthétique n’a pas toujours été si important et l’est plus ou moins selon les régions du monde, de même que les réglementations en matière de toxicité ne sont que très récentes et peu respectées dans certains pays.

 

SOURCES:

https://www.universalis.fr/encyclopedie/mode-histoire-et-composantes/

https://fr.wikipedia.org/wiki/V%C3%AAtement

https://fr.wikipedia.org/wiki/Design_textile